Deux morts, deux disparus et un rescapé chez les harraga Drame au large de Mostaganem Le drame de l’émigration clandestine vers l’Espagne vient encore une fois de frapper au large de Mostaganem. En effet, hier en fin de journée, ce sont les gardes-côtes qui donneront les premières indications sur la présence au large de cap Ivi d’une embarcation à la dérive. Ces renseignements s’avéreront précieux car ils auront permis aux éléments de la Protection civile de Sidi Lakhdar d’être sur le lieu de l’échouage. Mais l’intensité de la tempête n’aura pas épargné les cinq passagers. C’est au niveau de la plage de Benabdelmalek Ramdane qu’ils feront la macabre découverte. En effet, deux corps inanimés seront rejetés sur le sable. Selon les premières constatations, il s’agirait de deux hommes âgés de 25 et 35 ans. Leurs corps seront immédiatement évacués vers la morgue de l’hôpital de Mostaganem en vue de leur identification. Dans une mer en furie, les sauveteurs parviendront à retirer un seul rescapé. La force des vagues était telle que leur embarcation - sur laquelle ils avaient embarqué, il y a de cela deux jours, à partir de la côte rocailleuse de Kristel, au nord-est d’Oran - sera littéralement engloutie par les flots. Equipée d’un moteur de 35 CV, selon les déclarations de Tobji Mokhtar, âgé de 26 ans et originaire de Kristel, l’unique rescapé, la barque aurait subi une avarie qui leur aura été fatale. C’est également grâce aux indications fournies par ce miraculé que les sapeurs-pompiers apprendront la disparition de deux de ses compagnons d’infortune, également originaires d’Oran. Cette série macabre ne semble plus s’arrêter. En effet, la côte oranaise continue de s’illustrer par le nombre sans cesse croissant de clandestins qui, malgré les déboires subis par leurs devanciers, n’en continuent pas moins de tenter l’aventure. Récemment, à la mi-décembre, ce sont 49 clandestins qui tentaient de regagner l’Espagne à bord d’une petite barque de 7 m, qui seront sauvés d’une mort certaine. L’embarcation qui dérivait au large de Mostaganem sera repérée par les gardes-côtes qui parviendront à la remorquer. Les clandestins qui avaient tous déboursé 5 millions pour payer leur passeurs avaient un âge oscillant entre 20 et 54 ans. C’était l’une des plus grosses opérations d’émigration clandestine, après plusieurs semaines d’accalmie. Grâce à l’extrême vigilance des services des garde-côtes, l’opération tournera court. Après plusieurs tentatives infructueuses au niveau des plages du Témouchentois, il semblerait que la façade maritime qui s’ouvre sur le golfe d’Arzew et qui s’étale entre la pointe de l’Aiguille et cap Ivi, soit devenue, en l’espace de seulement trois mois une solution alternative. C’est également la première fois que des clandestins originaires de Kabylie, de l’Algérois et de l’Oranie se retrouvent sur la même galère. A l’évidence, il existerait un véritable réseau chargé de rabattre vers des passeurs sans vergogne, des jeunes et des moins jeunes ayant en partage la malvie et l’impérieux besoin de changer d’air. Y compris en défiant la mort. Car n’importe quel moussaillon aurait sans doute remarqué que depuis dimanche dernier, l’état de la météorologie n’était pas à l’optimisme, loin s’en faut. C’est d’ailleurs le mauvais état de la mer qui aura incité les sauveteurs à suspendre leurs recherches afin de retrouver les corps des deux jeunes Oranais disparus. Selon les indications du directeur de la Protection civile, c’est ce matin que les plongeurs reprendront leurs recherches sur toute la longueur de l’immense plage de Ouillis. Yacine Alim EL WATAN Quotidien National