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Les années 1965/1969.
L'aventure
professionnelle du Grand Bleu, l’Afrique
Histoires d'eaux et d'ailleurs
La vie à
Douala s'articulait donc autour des boites de nuit et, pour les plus
vaillants, aussi autour de la piscine de jour, très agréable quand il y
avait soleil, un eau chaude, un orchestre fun et de belles poupées noires,
cuivrées ou blanches bronzées. Nous dansions et nous nagions! A mon
tableau de chasse, j'épinglais Salomé, Miss Cameroun de l'époque, une
magnifique mulâtre de 1m76 à la peau de rêve crépusculaire, aux yeux verts
et à la rousse perruque, au corps parfait, à faire pâlir de jalousie
Naomie Campbell. Je crois que la plus belle race au monde est
camerounaise. Cette vie à terre nous coûtait tellement à tous les
pétroliers entre les whiskies et les filles que nous décidâmes très vite
d'acheter une boite de nuit et faire travailler les filles pour notre
propre compte, ce ne fut pas une réussite si ce n'est de nous enfoncer
encore plus dans la débauche et la ruine. Les filles venaient par train
entier de Yaoundé et nous pompaient! Mais mon goût pour la nature et
les grands espaces me sauvaient quelque peu. Il m'arrivait de partir, seul
blanc, accompagné de deux Camerounais de la barge, qui me vouaient une
amitié sympathique et qui mettaient un point d'honneur à m' inviter à
passer quelques jours dans leur village, en brousse, du côté de
N'Kongsamba, dans le Nord Cameroun. Là, j'étais invité dans la case du
chef du village et c'était, chaque soir, la fête autour d'un grand feu sur
la place, au milieu des danses rituelles, orchestrées par le sorcier, sous
la gesticulation endiablée des guerriers masqués, à manger, je ne sais
quoi, d'épicé et d'énivrant, au milieu des mangues et des papailles. Il
parassait que manger de la chair humaine n'était pas rare! du singe
souvent ou du serpent à défaut de crocodile! En guise de dessert final, je
devais obligatoirement terminer la nuit en honorant, ou la femme du chef,
ou l'une de ses filles au choix! Ou alors, pour fuir l'enfer moite de
Douala, m'étant lié d'amitié avec le pilote de l'hélicoptère, lorsqu'il
n'avait pas de mission, nous partions pour la matinée avec deux autres
fanas d'aventure, soit à Fernando Pô pour revoir les crabes ou les singes,
soit dans le sud oû il était possible d'atterrir sur des plages désertes
encaissées dans des calanques rocheuses, oû l'eau était suffisamment
claire pour une partie de chasse sous-marine, ou simplement admirer,
au-dessus de l'eau, le vol majestueux d'énormes raies manta, le passage de
troupeaux innombrables de bécunes, la migrations des dauphins,des germons
et des bonites qui changeaient d'hémisphère par centaines, ou pour traquer
en-dessous les grosses loches craintives, ou pour épier, aux abords de la
forêt, une famille de gorilles, ou s'écarter précautieusement des hippo,
toujours dangereux aux abords des mangroves, tout cela sans la moindre
arme, si ce n'est les arbalètes.(Coût des sorties: 50000frs l'heure
d'hélico!). Mais cet avantage hélico cessa le jour oû mon ami pilote,
jaloux comme un tigre, voulant épier les agissements douteux de sa femme
lors de ses absences, fit un détour au-dessus de sa villa et s'approcha
trop près du sol oû un trou d'air provoqua la chute de l'hélico, le
brisant totalement, sans que l'on eut de blessures. Le résultat est qu'il
fut mis à la porte de la Compagnie! Il était temps de quitter Douala.
Un souvenir me revient cependant pour dire que le monde est petit. A la
fin de ce séjour à Douala, je rencontrai ou plutôt retrouvai, par hasard,
Michèle Ortz, qui venait d'arriver dans cette ville avec son mari, en
contrat de coopération, à la société camerounaise de pétrole, la SEREPCA,
émanation de Elf Aquitaine. Michèle était l'une des jumelles de Pasaro à
Ain Franin d'Oran, que j'avais retrouvée aussi à Paris lors de mes études
et qui sortait à cette époque avec Marc Vaillot, le fils du maire de
Nemours, ex-condisciple et ami du Lycée Lamoricière et de l' Ecole
Spéciale des Travaux Publics à Cachan. On ne s'est plus quitté jusqu'à mon
départ pour le Gabon. Depuis je l'ai reperdue de vue!
Port Gentil, le bon bengala.
La campagne de
forage de six mois au Cameroun toucha à sa fin et nous déménageâmes la
barge pour le large de Port Gentil au Gabon, au sud du Golfe, pour une
nouvelle campagne de prospection dans le champ de Port Gentil, à la pointe
du Cap Lopez. L'évênement marquant de cette navigation de 300 miles
fut la traversée de l'équateur oû tout navigateur se doit, la première
fois, de se jeter à l'eau à l'instant du changement d'hémisphère, du Nord
pour le Sud. Ce fut mon cas avec une quarante d'autres, mais pour cela il
avait fallu fermer le slot par en dessous avec un filet pour protéger tout
le monde des requins. Le séjour de Port Gentil fut beaucoup plus calme
et plus laborieux. En effet nous reçûmes en dotation Pollux, la cloche
jumelle de Castor, que j'avais expérimenté en Grèce, l'année auparavant.
Il fallut l'installer avec son portique de mise à l'eau, à babord de
Woodeco V, une installation hautement technique, avec des spécialistes de
Marseille, fixation des socles, installations électriques et
électroniques, des communications terre cloche et cloche plongeurs, de la
centrale d'air comprimée et des mélangeurs de gaz respiratoires, ensuite
les essais de descente en mer, les règlages finaux, les interventions sur
les têtes de puits avec pilote et plongeurs. Mais pendant la période oû je
séjournais, les interventions avec la cloche ne furent pas tellement
nécessaires car nous n'intervenions encore que sur des profondeurs
accessibles à l'air. Qu'elles étaient agréables les plongées sur des
fonds de 40 à 65 mètres, au sec, entourées de hublots permettant
l'observation du panorama vivant dans une eau turquoise, en même temps
qu'un oeil sur les cadrans et, tellement sécurisantes, les sorties au
narguilé, avec notre maison à une dizaine de mètres, il m'arrivait de
sortir quelquefois en apnée de la cloche pour tester à la fois mon mental
et mes capacités hydriques. Je me souviens que deux ou trois de ces
sorties se sont faites en compagnie de mon patron, Henri Delauze, en
visite au Gabon pour affaires et qui aimait beaucoup s'encanailler avec
ses plongeurs par goût, sentiment, respect et un certain sens de la pub!
La gestion de nos stand-by à terre fut cette fois plus calme entre des
interventions terrestres pour le compte de la Compagnie ou pour le notre
et un repos bien mérité dans des familles... Pour mon compte, je
decrochais le nettoyage sous-marin du port qui consistait à enlever en
plongeant et à l'aide d'une grue tous les cables et tôles gisant, au fond
de l'eau, aux abords du seul quai de 200 mètres constituant le port
Gentil. J'ai fait des sous! Pour le compte de la Compagnie, nous
partions à trois avec un chauffeur en 4X4, à travers la brousse et les
mangroves, sur une piste aléatoire de 150 km, pour faire un contrôle
sous-marin du "pipe" de fuel qui traversait les marais, avant de rejoindre
la mer, en vue d'un chargement de pétroliers au large. C'est, au cours
de ces safaris, que j'eus la plus grande frayeur de ma vie. Notre tâche
consistait à suivre, en plongée et assisté d'une pirogue, le pipe, gisant
à 3 mètres de fond, et de dégager les broussailles et les troncs d'arbres
qui risquaient, lors des cyclones, de créer des pressions importantes sur
la virole qui aurait pu briser sous les assauts de la houle. Les eaux
étaient rouges de limon et, donc, la visibilité était nulle, le travail se
faisait à tâtons. C'est alors qu'un jour, je "tâtonnai", ce que je croyais
être, un gros tronc d'arbre qui pointait du fond vers la surface et ainsi
je remontai lentement et, qu'elle ne fut l'horrible surprise de
m'apercevoir en crevant la surface, que j'étais en train de passer mes
mains sur la machoire d'un énorme crocodile, en semi lethargie de
jouissance, sous l'effet de mes "caresses". Je ne sais comment, mais le
fait est que je me suis trouvé soudainement sur la pirogue, toujours
capelé de la bouteille et en fuite, je n'ai toujours pas compris! C'est
aussi, au cours d'un de ces safaris, que notre 4X4 s'immergea au beau
milieu d'un gué et que nous dûmes passer la nuit entière sur le toit du
véhicule, au milieu de centaines de paires d'yeux effrayants sur les eaux
et sur les berges ou dans les broussailles et les arbres, par une nuit
noire et bruyante de cris de bêtes. Le lendemain un camion nous tirait de
là. Avec Delauze, nous fûmes conviés à une partie de chasse aux
gorilles dans la réserve présidentielle de Sette-Cama, qui se trouvait
dans les parages. Ce jour-là, ni Pompidou, ni Giscard n'étaient là!
Nous êtions habituellement dans le campement d' Elf lors de ces
visites, et, lorsque nous ne travaillions pas, nous allions photographier
les majestueux éléphants. Un jour, je m'approchais d'un peu trop prêt d'un
énorme mâle qui se fâcha et fonça sur moi, j'eus juste le temps de sauter
en marche sur le 4X4 qui démarra sur les chapeaux de roue et nous eûmes le
temps de voir le massacre que fit cet éléphant dans sa course folle parmi
les arbres et les fougères. Un autre jour, nous eûmes de la chance, un
troupeau d'hippopotames traversa le camp, détruisant tout sur leur
passage. Nous ne fûmes pas sur leur trajectoire! D'autres fois, nous
fûmes conviés à la chasse à cour et au lasso au buffle, c'était
passionnemment sportif de coincer à toute allure, dans le maquis, un
buffle entre deux pick-up 4X4, de l'enlacer avec deux lassos et
l'étrangler en écartant les trajectoires. Cela se faisait à 50/60 km/h
dans une course très cahotante et parfois éjectante au beau milieu des
phacochères!
Le rapatriement.
Je fus
rapatrié, au printemps 1968, des suites de mes problèmes intestinaux, non
résorbés au Gabon. Il fallait que je me fasse soigner par la médecine
développée. Cela a mieux valu! car je commençais à saturer, l'Afrique est
passionnante, mais à doses homéopathiques! Après mon congé de maladie,
passé à écumer la côte provençale et azuréenne, avec ma Triumph Herald, en
compagnie soit de Paul Renoux, soit de Jean Laffargue, (c'est d'ailleurs
la dernière fois que je revoyais Rouianico d'Ain Franin jusqu'en l'année
2003 oû cela ne saurait tarder que je le revisses, grâce à la magie de
l'Internet), je repris du service et je partis en Tunisie pour une
campagne de carottages à Djerba et à Sousse. La mission consista à
plonger, dans des fonds de 75 mètres, à l'air comprimé, pour tester le
sous-sol, à l'aide de carottier à main, en vue d'une future implantation
d'une plateforme offshore dans la région. J'étais, dans cette mission, un
simple plongeur, parmi une équipe de cinq, avec un jeune binôme autant
fanfaron qu'inexpérimenté, qui se sentit humilié d'avoir été sauvé d'une
mort certaine par moi, au cours d'une de ces plongées. Il faut dire
qu'en 1968, la Comex avait grandi, trop grandi et elle recrutait n'importe
quoi. Delauze ne maîtrisait plus la gestion de son personnel qu'il avait
lâchait à une espèce de Maltais d'Alger, au nom évocateur de Fénèque, avec
qui j'eus tout de suite une prise de bec, par suite de litiges dans les
paiements de mes congés de maladie et qui me déclassa au rôle de simple
plongeur. De plus il embauchait des "Tarzan à la cervelle de Tcheeta!". La Comex
désormais alla beaucoup perdre de sa réputation et aura de nombreux
accidents avec un tel énergumène, ce sera une rare erreur de
Delauze! Nous avions embarqués notre chambre de décompression et notre
station de gonflage à bord d'un chalutier, loué à Sousse, et nous opérions
au large d' Oum Souk puis au large de Sfax. C'est au cours d'une plongée,
qui fut la dernière pour nous, que nous descendîmes de nuit pour y
effectuer une carotte à -75m. Je devais frapper, à l'aide d'un marteau,
sur un tube de carottage, pour l'enfoncer d'un mètre dans le sable, afin
d'y prélever la carotte, pendant que mon coéquipier, à deux mètres de moi,
devait m' éclairer à l'aide d'un projecteur, agrippé à un pendeur, ligne
de repérage, attachée à un corps mort au fond et à une bouée en surface,
qui nous servait à descendre et qui servait pour la remontée et aux
premiers paliers de décompression en mer. Je commençais mon martelage,
quand soudain plus de lumière, le noir absolu, il ne fallait pas paniquer,
surtout qu'à cette profondeur, la narcose, sorte d'ivresse, vous guette.
Je n'avais pas séjourné plus de dix minutes et je pouvais monter
directement à la surface sans trop de risques, à condition d'entrer
immédiatement dans la chambre de décompression, mon décompressimètre étant
à la limite du rouge. Ce que je fis en gonflant légèrement ma Fenzy, car,
dans la nuit, vous ne savez plus si vous montez ou si vous palmez dans
l'abime! Ayant atteint la surface en 3 minutes, la mauvaise surprise fut
d'apercevoir les lumières du bateau à plus de 300 mètres. J'avais dérivé,
par suite d'un léger courant, mais à quelques trente mètres devant moi, je
vis aussi le phare de mon collègue, qui semblait nager en direction du
bateau. Ni une ni deux, ayant pointé le gisement du bateau sur ma
boussole, je descendis à -9 mètres sous l'eau, pour y effectuer mon
palier, tout en nageant en suivant le cap du bateau. Au bout de cinq
minutes, je remontai pour connaître ma position et j'aperçus à quelques
mètres l'abruti, tout hagard . Je lui intimai l'ordre de descendre avec
moi au palier de 6 mètres et nager de concert. Au bout de dix minutes nous
remontâmes pour voir notre position par rapport au bateau, nous n'êtions
qu'à une cinquantaine de mètres et les gars aperçurent notre phare et
s'afférèrent pour préparer l'ouverture du caisson, pendant ce temps mon
collègue nagea précipitamment vers le bateau, refusant de continuer les
paliers, mais je préférai descendre à -3 mètres pour continuer les paliers
tout en nageant, je suivis du regard le reflet de la torche en surface. Je
le vis atteindre le bastingage, je remontai lentement derrière et
rejoignis, à sa suite, le caisson. Nous fûmes recomprimés toute la nuit,
mon collègue surtout, car il était atteint de douleurs à un genou et aux
coudes. L'explication fut qu'au fond il avait été atteint de narcose et
qu'il avait perdu les pédales, en lachant le pendeur. Il remonta
néanmoins, en gonflant la Fenzy, mais sans trop savoir ce qu'il faisait,
et grâce à mon calme, il s'en est sorti, mais sans même s'en rendre
compte. Moi en tout cas, je suis persuadé que non seulement je l'ai sauvé,
mais aussi que je m'étais sauvé d'une mort certaine grâce à mon expérience
et persuadé qu'à l'avenir, pour faire ce genre d'opération, il vaut mieux
être seul que mal accompagné, avec, cependant, une équipe compétente à la
surface. A la suite de cet incident, Daniel Van Tin dit le Chinois, notre chef de
mission, assisté de son adjoint et mon ami de Mer Du Nord, Louis Bergès, nous rapatria. Je relaterais, pour l'histoire du patrimoine
universel, qu'au cours d'une de mes chasses sur les côtes tunisiennes, je
decouvris un magnifique jas d'ancre en plomb, de l'époque romaine, dont je
fis don au musée de Monastir. Je fus convié aux expériences hyperbares
de la Comex en ce début d'été avec l'opération Hydra sur l' Astragale, en
temps que membre des plongeurs profonds aux mélanges respiratoires heliox
puis hydrox, j'avais participé à l'entrainement de la dizaine de plongeurs
sélectionnés pour atteindre la profondeur jamais atteinte par l'homme,
-250 mètres, et le jour J, les trois meilleurs d'entre nous furent envoyés
à cette profondeur, au large de Cassis, pour inscrire leur nom au palmarès
des records. L'opération se déroula avec la sécurité maximum et le succès
total. Par la suite tous les plongeurs effectuèrent cette descente avec
succès. Ensuite notre équipe partit pour Biscarosse, pour entreprendre
une fantastique expérience de travaux , encore une première mondiale! Le
travail consista à descendre en cloche, par -125 m, pour sortir avec un
tirefort de 1500 kg, afin de "clampser" les quatre vérins de plusieurs
tonnes dans les logements prévus à cet effet, opération d'ancrage fixe au
fond, sur son socle de base de 900 mètres carré, d'une plateforme
oscillante expérimentale de 20 mètres de diamètre et de 150 mètres de haut
sous le regard et les consignes des ingénieurs de l'opération, par liaison
tv et radio. L 'opération dura une semaine et nous travaillions en continu
à tour de rôle, une équipe au fond et une autre en stand by saturation
dans la chambre, ensuite trois jours en chambre de décompression et enfin
une semaine de repos.
Etant le seul spécialiste explosif
disponible, je fis un aller-retour dans le Golfe du Mexique par avion et
hélicoptère pour tuer un puits de pétrole. C'est à ce moment que je fus
contacté par Flopetrol pour faire partir de son équipe de 4 plongeurs, qui
avaient l'exclusivité mondiale pour faire des interventions spéciales à
travers le monde sur les têtes de puits de pétrole offshore.
Au
cours de l'été, je fus navigateur: avec quatre autres plongeurs en stand
by à Marseille, on nous confia la mission de se mettre à la disposition
d'un Officier de marine à Cronnigen, dans le Nord des Pays Bas, pour
prendre en charge un supply boat dénommé Vulcan, acheté par la Comex pour
opérer en Afrique de l'Ouest. Il devait récupérer un équipage sénégalais à
Dakar et notre mission consista à emmener ce navire, de 90 mètres de long,
à bon port, soit une navigation de 19 jours depuis la Mer du Nord jusqu'
au Golfe de Dakar en passant par la Manche, l'Atlantique du Finistère,
l'Atlantique du Golfe de Gascogne, l'Atlantique du Cabo Finistere, au
large de Lisboa, Cadiz,Tanja, Casablanca, les îles Canaries et Cabo Verde.
Ce fut aussi une aventure, car, imaginez, sur ce rafiot poussif, un
Capitaine toujours ivre, et cinq plongeurs, ignorant tout de la
navigation, je possédais seul un permis de plaisance A, mais tout se passa
bien néanmoins quand furent mises au point les rêgles de discipline,
nécessaires à cette vie en communauté. Cela se fit, car quatre des gars
étaient plongeurs et habitués déjà à un tel exercice. Seul le cinquième,
en stage à la Comex, étudiant ingénieur, fit au début la forte tête mais
une défenestration soudaine, par dessus bord, au milieu des requins, lui
fit entendre raison!
Après une dernière intervention expérimentale
sur le Terebel de l'Institut Français des Pétroles qui s'essayait à de
nouvelles techniques, notamment l'intervention d'un robot sous-marin,
bardé de caméras, destiné à se déplacer dans toutes les positions par -
150 mètres de fond et que j'accompagnais dans ses descentes jusqu'à -110
mètres avec mon scaphandre autonome chargé à l'hélium, je partis passer un
concours de connaissances générales et spécialisées en hyperbarie et
explosifs à Paris que je réussis et je subis, pour terminer, une controle
médical de routine pour confirmer mes aptitudes physiques pour ce genre
d'activités. Je revins à Marseille pour déposer ma démission de la Comex
et faire mon préavis, car j'étais virtuellement embauché. Hélas ce fut une
catastrophe, le vieux médecin gâteux avait pris un avis défavorable à mon
embauche, tout cela parce que je lui avais avoué ma surdité sans qu'il ne
s'en aperçoive, lui-même. Cela a été la connerie de ma carrière, car je
détenais là une situation extraordinaire qui aurait pu m'enrichir et me
donner l'occasion de profiter d'une retraite bien méritée en quelques
années. Au lieu de cela, je me retrouvais au chômage et fauché sans
possibilité de retour, car j'avais profité de ma démission pour envoyer
ch... Fenèque qui n'en demandait pas tant, car il se trouvait forcé de
débaucher 30% des effectifs, la situation de la Comex étant, à ce moment
là, dans le rouge.
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