SOUVENIRS

La Deuxième Génération, la mienne:

Les années 1956/1964, la fin de l'épopée ainfraninienne

Histoires d'eaux
L' Ile au Chacal
C'est au lendemain d'une de ces surprise parties au Mao Parata que j'initiais une nouvelle forme de préparation à la chasse que je n'ai et ne conseillerai jamais à personne, bien sûr! :
Luc Santiago, le plus aisé de la bande, avait un glisseur sur remorque et il organisa une sortie de pêche dominicale à l'Ile au Chacal avec, comme équipiers, Pierre Avérous, Pierre Ruis et moi. Rendez-vous fut pris à 6 heures du matin, l'île se situant au Cap Figalo et la mise à l'eau du bateau à Bouzadjar à quelques 60km d'Oran.
Mais entre temps Jacqueline Chaffanel et sa petite copine "la Zanini" me demandèrent de les amener le samedi, la veille au soir au Mao Parata. Devant ma réticence, vue la sortie du lendemain, elles insistèrent d'autant que la Zanini prenait l'avion définitivement pour Marseille et la Corse le lendemain et que "tchalée" de moi, elle voulait absolument passer ses derniers instants en ma compagnie.
" Bon! A condition de rentrer de bonne heure, les petites, hein! demain j'ai du boulot"
Qu'est-ce que j'ai fait ce jour-là, 'Madre de Dios", en pleine crise de désespoir, alignant whiskies sur whiskies, j'essayai de la consoler et la chair étant faible, j'en oubliai mon boulot du lendemain à tel point que je terminais la nuit chez moi au 4 Rue Alfred de Musset en ma compagne corse qui y perdit son honneur.
A 6 heures du matin, tut, tut, sous ma fenêtre! En léthargie complète, ils sont venus me chercher dans mon lit, laissant là la vestale singulière et nous voila partis pour l'Ile aux Chacals, cette fois c'est au pluriel. J'en ai toujours éprouvé un remords pour cette petite que je n'allais plus jamais revoir. Mais aussi je lui reprochais qu'avec cet excès, j'avais failli perdre la vie.
Bon bref, ils me réveillèrent à l'arrivée, m'aidèrent à enfiler ma combine, me mirent un fusil dans la main et à la flotte. L'eau fraîche du matin me réveilla quelque peu, Pierre par précaution me suivit et l'instinct de la chasse me prit enfin. Première apnée en eau trouble, je ne sais si c'était l'eau ou mes yeux, mais lorsque je vis 3 méros alignés, me regardant d'un air intrigué, j'ai su que c'était l'eau, mais comment faire pour choisir la pièce à tirer, ils étaient identiques, alors après mûre réflexion, je tirai celui du milieu. Mouche, un battement puis plus rien, mais oû étaient passés ses deux frères, mystère, lorsqu'une main m'agrippa et me porta à la surface. Pierre me traita alors de maboule, il me dit que j'étais resté quatre minutes sous l'eau et que je ne remontais pas pour autant. Je lui répondis que j'étais bien au fond et que j'allais redescendre pour chercher les deux autres méros. Imbécile, me répondit-il, ils n'étaient qu'un. Ah! oui! J'ai mis du temps à comprendre, toujours est-il que Pierre ne me lâcha plus d'une semelle, qu'il me remonta à chaque fois tellement j'étais euphorique au fond et il n'empêche que ce jour-là je fis un massacre.
Histoire vraie, GOUL OULAH! Mais ne faîtes pas comme moi, c'est juré?

Je me suis rappelé de cette histoire un jour de 1991, au Corum de Montpellier, oû je venais, pour la première fois, tout droit d'Oran, invité à assister à une grande conférence sur les activités subaquatiques par mon ami Henri Pérez au même titre ou presque que Marc Valentin, Hugues Dessault, Titou Esclapez, les Champions du monde de pêche sous-marine, le Professeur Picard du Bathyscaphe, Henri G Delauze de l'Archimède et de la Comex, Robert Stenuit de la recherche de trésors, Albert Falcone de la Calypso, le Prince Albert de Monaco ou Jacques Mayol, l'homme dauphin, en somme la Jet Set du Grand Bleu....Moi, j'étais Henri d'Oran, Ouahri Tä Wahran, el latrache, Directeur de la Ligue des Activités Subaquatiques d'Oran
Jacques Mayol, le vrai, était alors affalé sur le comptoir du bar et me révélait sa nature, il se vantait qu'il était toujours sous pression lorsqu'il faisait ses tentatives de records d'apnée et je lui racontai mon aventure, il eut la force de me sourire et se rendormit! Euh... comme dirait ma fille.
histoire vraie, MA PAROLE D' HONNEUR!


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La fin d'une époque

L'été 1963 à LLansa
Donc en me dégageant de mes obligations militaires, j'entrais de plein pied dans mes nouvelles obligations, la fiancée et sa famille, mais je me permis une autre escapade pour enterrer ma vie de garçon durant l'été 1963, d'autant que ma fiancée était fâchée, déjà! et m'avait mis à la porte, du fait que je lorgnais, d'après elle!!, du côté d'une PFAT que je connus en fin de carrière militaire à Ain El Türk. Moi, j'allais à la pêche, c'est tout, de seguro, besah!
Les Ruis, qui étaient ma nouvelle famille, ayant loué à Llansa, je partis naturellement en Costa Brava avec ma Montlhéry, matricule 9G, (très important pour la suite de l'histoire), mais avec la ferme intention d'écumer les poissons et les filles catalans, bien qu'ayant depuis toujours un petit pincement de coeur pour Paula qui avait d'autre chien à fouetter, en l'occurrence un patos, ainsi vont la vie et le mélange des races!
le Méro et Bérénice
Je ne pourrai jamais oublié les deux évènements qui ont marqué ce premier été en pays catalan que je choisirai plus tard pour essayer un ancrage en quittant mon pays!
En effet, j'eus l'outrecuidance de sortir un gros méro d'une zone qui s'avèrera par la suite interdite parce qu'elle jouxtait, du grand large, la Résidence de l'Alcade de Barcelone, quel crime avais-je commis! un crime de lèse-majesté!
Venant de mes terres sans contrainte, j'ai toujours trouvé inconvenant de se bombarder pays de la liberté, ces pays patos oû tout est interdit, oû l'on vous chasse, vous pourchasse, vous humilie, vous insulte, vous font payer cher, vous jette en prison, n'est-ce pas Michel? parce que, soit disant, vous contrevenez la loi, les lois, des lois scélérates. Oui! je suis un rebelle, lorsque que, de ma fenêtre du second étage, tel le gardien du phare, je remarque, chaque matin que Dieu fasse et le Toro, un couple d'Aubergines, chasseurs de primes, mâle et/ou femelle, paxtées ou liées, c'est kifkif, se délectant à dresser, à tour de bras, des contraventions pour stationnement illicite, n'est pas celui qu'on pense, dans une zone oû il n'y a pas matière, c'est du racket! A tel point qu'excédé, un jour de l'an passé, quand j'avais encore ma Seat immatriculée 31(ta Wahrân), ayant ma sauce, que je ne payais pas, tous les jours, je descendis pour demander à l'Aubergine de service, toute rose et bien grasse, qui se pourlèchait les babines, de m'en mettre un second car j'avais fait un pari avec ma fille qu'un jour j'en aurais deux tellement c'était bon pour elle, l'Aubergine et je ne veux jamais perdre un pari avec ma fille, voyons! cela ne se fait pas entre parent et enfant. Je vous assure qu'elle ne fut pas contente! ainsi va la patrie des droits de l'homme! Mais vous ne remarquez pas cela tellement vous êtes contaminés, il faut être un fraîchement immigré, par force, je précise, pour voir ces incongruités; là est le coeur du problème de l'intégration, mais je me refuse à faire de la politique!
En Algérie nous fûmes, vers 1990, interdits de chasse sous-marine, loi pondue par un fonctionnaire jaloux, comme il y en a partout. Mais dans l'application, en fait, la loi ne me fut jamais appliquée parce que les applicateurs de cette loi l'estimaient injuste, ils étaient humains et fermaient doucement les yeux, moyennant un petit bakchich, cela va de soi, bien sûr!
Mais j'en reviens à mon méro de Llansa, en plus de l'avoir braconné, j'avais voulu vendre ce poisson à la criée, par dessus le marché, comme à Oran en somme. Je le vendis en effet, mais je n'avais pas fait les cent pas qu'une meute de pêcheurs indigènes me poursuivirent en vociférant, je dus mon salut à ma Monlhéry garée toute proche en stationnement interdit. Le lendemain, au moment du petitdéj, Alfred me montra le journal local, oû il était question de "maricones franceses" qui volaient LE POISSON des pauvres pêcheurs, équipés de chalutiers énormes avec des kilomètres de filets. Un avis de recherche était lancé par la Guardia Civil, à qui pourrait signaler la présence d'une SEAT, immatriculée 66! Ouf! Malgré leur très nombreux ratissages dans le bois, je les voyais de mon balcon, ils ne me trouvèrent pas et ainsi j'évitai le passage à la question. .
Quelques jours plus tard, nous nous baignions avec Petit Paul et Jean, lorsque nous assistâmes à un accident affreux, une toute jeune fille se faisait charcuter une jambe par un hors-bord imprudent et criminel, la malheureuse hurlait de douleur et la mer était rouge de sang. Nous réagîmes aussitôt, l'empoignâmes, la ligotâmes, la garrottâmes avec nos maillots et serviettes et transportâmes jusqu'à la Monthléry pour l'emmener, à tombeau ouvert, jusqu'à la clinique de Figueras. Son père était le grand professeur et le patron de cette grande clinique et le beauf de l'Alcade. Il la rastifola en cinq sets et, une semaine plus tard, elle demanda à nous voir, Bérénice. Elle me fit mille remerciements et insista pour qu'à la sortie de la clinique, nous lui tînmes compagnie, pendant sa convalescence, à la piscine, le petit Bleu, de sa villa, la Villa de l'Alcade de sinistre mémoire (La Guardia Civil en coure encore), et en compagnie de sa magnifique cousine, n'est-ce pas, Paul? Mais je ne te trahirai pas. Bérénice ne se priva pas de me faire les doux yeux, à moi, le héros marinero roturier, au grand dam de son fiancé pédant et guindé (que s'il pince la bouche, il ouvre autre chose), j'en fus gêné !

Mes métiers de 63/64/65

Après cette escapade célibataire, le retour à Oran fut la reprise des choses sérieuses, à savoir travailler et se former au mariage. Ain Franin était morte, à la Mine, tout avait été saccagé. Ce sera son destin, puisque cinquante ans après, vous la retrouvez dans cet état. Cependant je m'y rendais encore avec ma fiancée dans le cadre de notre apprentissage qui consistait essentiellement à confectionner des lits de fenouilles, comme j'en avais fait l'expérience pendant toute mon adolescence, toutefois plus accomplie. On faisait aussi des parties fenouilles sur canapé avec la bande de 1964, avec bibi et la mienne, Pierre Ruis et la sienne Danielle, Nicole Garcia, Pierre Lorca, Daniel Compan, tous issus du Mao Parata.
Mes parents se rapatrièrent à Marseille, ainsi que Cabollo et la plupart de mes copains, parce qu'il n'y avait pas d'avenir professionnel ici, seuls restèrent ceux qui avaient pu travailler, la plupart comme instituteurs coopérants, Paul et Michel chez Ricard, Pierre les Matelas Simmons.
Je fus engagé comme Assistant Technique au Port Autonome Oran Arzew oû je m'occupais du contrôle de travaux portuaires divers et de visites aux phares et balises en mer, à bord de l'Espadon, dont le Capitaine était le père de mon ami Norbert Dolon.
C'est ainsi que j'ai commencé à connaître les Iles Habibas et son phare et surtout le plus émouvant dans mes retrouvailles depuis ma tendre enfance, lorsque je rêvais d'être plus tard Gardien de Phare, les visites au Phare du Cap de l'Aiguille, avec ces huit cent marches à même la roche et cette vue vivante sur le Navio ou Pointe de l'Aiguille. De ma chambre de Montpellier d'oû je ne sors que pour faire les courses et c'est déjà trop! j'ai réalisé mon rêve d'enfance, mais je n'ai que des voitures pétaradantes et des rouges aubergines à regarder, ah! oui, cela est vivant aussi, mais la vie de l'enfer, mais puisque tel est mon nouveau destin, alea jacta est! J'aurais tout connu, quand viendra l'heure du bilan!
Mais j'avais perdu ma vie sub en cette période technique, et comme je voyais mes copains Marc et Jean Georges, tous deux professeurs, faire des ravages, l'appel du fond me revint et je quittai mon poste pour faire le métier d'instit qui, comme tout bon fonctionnaire sait, ce privilégié de carrière, laisse beaucoup de temps de libre et cela vaut tout l'argent du monde, avec une réserve toutefois c'est que malheureusement en Patosie, il faut à la fois le temps de libre et l'argent pour pouvoir s'en aller loin, très loin, dans les Mers du Sud ou dans ma patrie, afin de vivre! .
Ainsi presque tous les matins avant huit heures, avant de me rendre à l'école Maraval, puis à l'école de Ras El Ain, près de la GMO abandonnée, je descendais aux Genêts après Cueva del Agua, sous Canastel, faire ma ceinture de méros, badèches ou sars, que je revendais rue de la Bastille ou à mon ami Brahim du restaurant "Mon Village". J'aurais pu me satisfaire de cette vie surtout avec ces innombrables vacances, mais c'était sans compter avec l'ambition démesurée de ma fiancée, qui n'a jamais eu de cesse de m'influencer à prévoir notre "rapatriement"... .
Ce fut, en fin d'année scolaire de 1965, le départ pour Marseille. Je me rapatriai chez mes parents à Marseille.
Mon beauf entraîna sa famille à Grenoble. Ce fut le commencement de la fin de mon mariage, mais puisqu'il fallait faire la connerie d'aller jusqu'au bout, il se réalisa et dura 11 mois, d'abord avec une première tentative de m'entraîner là-bas, le froid, que je n'ai jamais supporté, le verglas qui m'a valu deux têtes à queue, et la froideur de cette famille trop unie, pour lesquels j'étais l'Etranger, m'ont donné une aversion définitive pour l'altitude. Ka lasse.....Il y eut cependant quelques agréables moments, mais tout le miel de cette jeunesse n'avait pu occulter le fait que nous n'étions pas prêts pour la corde au cou.

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