Marc Valentin, le dieu
Neptune
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1962/64 l'armée
et la corde au cou
Je rejoignis
donc Angers pour 6 mois de purgatoire à l'Ecole du Génie (oublié
complètement, à part -20° à La Courtine, oh! mon doux pays!). Mon
classement me permit de choisir mon unité d'affectation au Parc du Génie
de Tlélat pendant 6 mois, puis ensuite au 40è Bataillon du Génie, basé à
Ain El Türk. C'est dire que je ne fus pas dépaysé, que j'assistai
directement à la mort de notre enfance et que finalement, en étant libéré
en mai 63, je préférais rester sur place, puisque ma famille y était
encore en grande partie et parce qu’ayant perdu 30 décibels d'audition
pour cause de tirs en salle, bande d'enf...! j'étais devenu inapte aux
études. Mon destin sera désormais orienté par mon handicap. Mais du moment
que je pouvais fréquenter le monde du silence, l'essentiel et la richesse
de ma vie furent préservés, sans le besoin de l'assistanat tricolore
bidon et ils le furent! Mon odyssée subaquatique a donc continué
après ces six mois au pays Patos. Jeune sous-lieutenant, responsable d'une
mission permanente d'évacuation de matériel du Génie entre le Parc et le
Port de Mers El Kebir durant six mois, j'eus la disposition exclusive
d'une jeep et d'un chauffeur, d'un sergent en second, complice puisqu'il
était mon petit cousin, Jean Marc Reynaud. J'organisai ma tâche de
telle manière que je pouvais une fois ou deux par semaine "m'escaper" pour
les Corailleurs oû je prenais en passant Bahnane, un petit Marocain, élève
de Loulou Lamur, qui se classa par la suite sixième au Championnat du
Monde pour le compte de l'Algérie. Nous chassions au Cap Lindles et au Cap
Negre, nous faisions des sous! Parfois, je rejoignais Marc Valentin, qui
était déjà le Champion de France incontesté et futur Champion du Monde, et
l'extraordinaire Jean Georges Pujol, le roi de Rachgoun et présentement
encore le roi de La Réunion. Nous pêchions, à partir de la côte, n'importe
oû entre Les Corales et les Andalouses dans des zones raclées... pour les
autres, et il fallait nous voir sortir, tous les trois (nous pêchions
individuellement mais en parallèle pour nous surveiller) avec nos bouées
et nos ceintures pleines de poissons, avec une légère supériorité pour
Marc, bien sûr, puisque l'habitude de la compétition lui faisait tout
tirer jusqu'à 500g la pièce, c'est ainsi que j'ai perfectionné ma
technique de chasse avec la coulée et l'agachon et le tir tout azimut,
l'adaptation à un matériel perfectionné, combinaison, palmes, fusil,
flèches tahitiennes, moulinet, (Marc était un inventeur. D'ailleurs
actuellement le top de ce matériel est encore de son cru, bien qu'il soit
parti s'installer sur le trône de Neptune, déjà, l'an passé! Il n'avait
que deux ans de plus moi. Par la pensée, je lui ai demandé de faire une
bise à mon père et Yvon et Raoul et Alfred et de leur dire au
revoir.... Que de parties de belotte en
perspective devant un parterre des âmes des vestales et des epiphinelus
que nous avons occis. Comme il n'y avait pas d'esprit de
compétition entre nous, je me régalais de voir les évolutions de l'un et
de l'autre. Jean Georges était un athlète et un fabuleux descendeur, il
était capable, déjà, à cette époque de dépasser les 35 mètres. Quant à moi
j'avais la "vista" et l'oreille, car le sourd entend mieux sous l'eau que
l'entendant Nous avions aussi les perm, JMarc n'avait plus de famille
et m'accompagnait à Oran oû nous retrouvions les rescapés du 5 Juillet:
les Ruis, les Avérous et une meute de filles, qui sentant la fin de
l'Algérie, étaient en chasse du mari. Cabollo flaira une opportunité
d'affaire et, avec Jean Marc, pas moins bandit, et Pierre, ils créèrent un
Club "Le Mao Parata", dans la villa de la grand mère de Petit Paul à
Miramar et avec la deuche de ma grand-mère, ils allaient ratisser au
Majestic (Cabollo devrait prendre le clavier pour écrire les bonnes
histoires du Mao Parata, j'aimerais!) Cela continua encore, lorsque je
fus muté à Ain El Türck oû je disposais de la "Villa Henry" de ma grand
mère, des soirées extraordinaires, oû le tout-oran venait ainsi que des
Hauts Gradés du Génie et de la Légion, qui m'autorisaient ces
organisations, les bains de minuit à poil et complètement saouls. C'est
ainsi que les Vaillants Chasseurs Sous-Marins, Pierre Ruis, Pierre
Avérous, Luc Santiago, Paul Ruis et moi se firent alpaguer au grappin.
Ce qui fit qu'à ma libération je me trouvais forcé de me fiancer pour
avoir fait des bêtises! Mon destin sembla basculer, mais pas pour
longtemps. |