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SOUVENIRS

La Deuxième Génération, la mienne:

Les années 1956/1964, la fin de l'épopée ainfraninienne

Histoires d'eaux

Le Champion de Dakar vint nous montrer son talent en l'an 1956.
Espoir du club, le Harpon Club me pria de l'accompagner comme suiveur dans une chasse de perfectionnement. D'une extrême gentillesse au demeurant, ce grand monsieur me demanda de lui indiquer naïvement une zone intéressante, et je l'emmenais dans ma chasse gardée, Pasaro, avec l'inavouable idée de le battre, mais je lui demande pardon car je vivais à ce moment là dans l'adolescence fanfaronne et je n'acceptais de leçon de personne, puisque j'étais émancipé du père. En effet, connaissant tous les trous par coeur, et en douce derrière lui, je tirai quatre meros conséquents pendant qu'il bataillait avec deux petits meros. Il me vit mais ne dit rien. Par contre, à l'arrivée devant les journalistes et Brotons, ce fut la "Krachma" et je ne sais si je fus radié ou si je partis du Club pour m'être fait enguel...
Mais à la même époque, Issy-Swartz qui s'était bombardé Champion du Monde pour avoir tiré un mérou de 200 kg, je ne sais oû, en Afrique ou dans les Mers du Sud, vint pour faire du fric à Oran autour de conférences à l'Empire, le business entrait dans notre castre, et pour se faire de la Pub, il alla à Port-aux-poules tirer une pastenague de 30kg et l'exhiber dans l' Echo d'Oran pour sa gloire et celles des caciques du Club. Qu'à cela ne tienne! Ayant repéré un tchouch énorme à la Source d'eau chaude, et avec Luc Santiago, nous fîmes le pari de le sortir, pour faire la nique à ce pseudo champion, nous étions conscient de l'immensité de la tâche et nous échafaudâmes un plan très élaboré: il nous fallait être cinq fusils avec un tir simultané de cinq flèches, deux entre les deux yeux, pour essayer de le tuer net, une sur chaque aile et la dernière dans la queue pour immobiliser le dard. Les fusils furent reliés à cinq bouées avec 10 mètres de corde chacune. Mais aussi pour le ramener à terre, grâce à la complaisance du père de Luc, nous ramenâmes à hauteur de la plage un camion de dépannage avec un treuil de 50 mètres de câbles plus 300 mètres de corde de 8mm (c'est de là que vint ma vocation d'entrepreneur de travaux sous-marins, je crois)
L'opération réussit à merveille et nous emmenâmes la bête à l'Echo d'Oran pour en faire des photos et les publier.
Une semaine après Issy-Swartz, la photo du tchouch apparut dans le journal, dévoilant l'exploit de cinq jeunes Oranais dont le plus âgé avait seize ans, ayant pêché une raie pastenague de 280kg et 2.88m d'envergure.
J'ai eu l'occasion des années après, comme d'autres, de tirer des méros géants de ce poids et plus en Afrique, mais je n'en tire pas spécialement la gloire du champion du monde, j'aurais l'occasion de côtoyer de vrais champions du monde.


Hé!CHOUF!
Hé!CHOUF!
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15 nov 2003 , je reçois l ' email de Michel Journau
Hé!CHOUF!


La fin de l'épopée ainfraninienne Suite...

Mathès au Petit Port
Lorsqu'en 1960, j'essayais d'étudier à Paris tout en vivant à Oran, non pas pour ses évènements qui ne m'intéressaient plus, vu le saucisson que nous avait enfilé De Gaulle, mais pour la pêche,
au moment oû j'achetai ma première combinaison de plongée et que je l'essayais, pendant l'hiver effroyable du pays Patos, devant ma glace et ma copine de palier, Colette de Brive, dans ma chambre de bonne, à l'Ecole des Sourds-muets oû j'étais Maître d'Internat, en attendant impatiemment mon retour à Noël,
s'installait à Ain Franin, sans que l'on sût d'oû il venait, Mathès Schmitt, le Légionnaire, dans le garage des Mellado, un géant blond, sec de 1.90m, très sensible et bricoleur à souhait. Il essayait de survivre en pêchant à la ligne et en braconnant quand je le rencontrai. Tout le monde l'évitait. Mais, me voyant semi professionnel de la chasse et ayant une barque, il me proposa ses services pour l'entretien et pour m'accompagner dans mes sorties.
Je fis mieux, car m'attachant à lui et après moi tous les gars et les filles restant encore à Petit Port, Mon Rêve, Kristel, qui l'adoptèrent totalement. Je lui appris à plonger. Il cessa de boire la bière. Il devint, en l'espace d'une saison, un fameux champion, et pendant mon absence, il puit vivre largement du produit de sa pêche en utilisant la Vache Marine, il trouva d'autres équipiers comme en particulier Pierre Gonzalez, qui était célèbre à Oran. Quand je revenais pour les vacances, j'intégrais tout naturellement l'équipe de pêche et de drague.
Durant l'été 1961, lui et moi, étions capables de chasser normalement entre 25 et 30 mètres, à tel point que lorsque les grands palangrotteurs du coin nous voyaient les côtoyer sur leurs secs du grand large d'Ain Franin et du Cap Roux, et que devant eux on tirait du poisson, ils s'en sont allés, par jalousie, nous faire une réputation de plongeur en bouteille, en fait j'avais raclé le sec de Mellado et il ne fit plus de gros mero!
En hiver 1962, pendant que je me faisais démolir les oreilles à Angers, Mathès disparut comme il était venu, il fut rattrapé par son destin! Un jour de 1966, je reçus de l'Ile de Ré un gros colis de Mathès qui m'avait fabriqué pendant sa détention une guitare en souvenir de son frère.
"Ontention Aqui Stoy"
A sa libération, il s'en alla, sur la côte catalane, écumer les poissons et les filles jusqu'au jour oû, lui aussi, il se fit prendre le cou par la corde et s'en retourna dans son pays pour convoler en justes noces. Depuis plus rien...de toute façon, moi, j'étais quelque part en Afrique.
Peut-être par Internet, un jour, avant de mourir...? Malheureusement Michel Journau, par l'Internet, m'a permis de retrouver sa trace!

 

L'année 1961 fut l'apothéose et la fin de l'épopée ainfraninienne
Quel été! le dernier! Nous étions tous unis comme si l'on sentait au fond de nous que c'était la fin et comme à Oran, durant le couvre-feu, il fallait vivre à 100 à l'heure, pour moi tout spécialement, à qui on retirait lâchement le sursis, ("Vous reprendrez votre dernière année d'études après le service!..." bande d'enf...!") et qui devais rejoindre mon unité à Angers en novembre. Nous organisions les dernières fêtes, à Ain Franin, Kristel, les garçons étaient comblés par les filles et les filles comblées par les garçons, j'ai en mémoire un tas de souvenirs que la pudeur me fait taire!
Il y eut le championnat local de chasse sous-marine entre le Navio et le Cap Ferrat par équipe de trois: favorite, Mathès, Pierre Gonzalez et Henri Fernandez, l'équipe d'Ain Franin à bord de la Vache Marine, pas d'entraîneur, deux outsiders: De Kristel, les frères Avérous Pierre, Jean Marc, Georges emmenés par leur père et l'équipe de Mon Rêve: Pierre, Petit Paul, Michel Ruis emmenés par Alfred... et les Autres.
L'équipe Avérous l'emporta officiellement d'extrême justesse (1kg) grâce à la tactique et les tricheries du père. Ils avaient planqué un gros mero, la veille, dans une zone qui était, de surplus, interdite. En individuel, je fus largement gagnant, toute modestie à part! A la pesée générale, il y eut 600kg

Hé!CHOUF!

 

Marc Valentin, le dieu Neptune



1962/64
l'armée et la corde au cou

Je rejoignis donc Angers pour 6 mois de purgatoire à l'Ecole du Génie (oublié complètement, à part -20° à La Courtine, oh! mon doux pays!). Mon classement me permit de choisir mon unité d'affectation au Parc du Génie de Tlélat pendant 6 mois, puis ensuite au 40è Bataillon du Génie, basé à Ain El Türk. C'est dire que je ne fus pas dépaysé, que j'assistai directement à la mort de notre enfance et que finalement, en étant libéré en mai 63, je préférais rester sur place, puisque ma famille y était encore en grande partie et parce qu’ayant perdu 30 décibels d'audition pour cause de tirs en salle, bande d'enf...! j'étais devenu inapte aux études. Mon destin sera désormais orienté par mon handicap. Mais du moment que je pouvais fréquenter le monde du silence, l'essentiel et la richesse de ma vie furent préservés, sans le besoin de l'assistanat tricolore bidon
et ils le furent!
Mon odyssée subaquatique a donc continué après ces six mois au pays Patos. Jeune sous-lieutenant, responsable d'une mission permanente d'évacuation de matériel du Génie entre le Parc et le Port de Mers El Kebir durant six mois, j'eus la disposition exclusive d'une jeep et d'un chauffeur, d'un sergent en second, complice puisqu'il était mon petit cousin, Jean Marc Reynaud.
J'organisai ma tâche de telle manière que je pouvais une fois ou deux par semaine "m'escaper" pour les Corailleurs oû je prenais en passant Bahnane, un petit Marocain, élève de Loulou Lamur, qui se classa par la suite sixième au Championnat du Monde pour le compte de l'Algérie. Nous chassions au Cap Lindles et au Cap Negre, nous faisions des sous! Parfois, je rejoignais Marc Valentin, qui était déjà le Champion de France incontesté et futur Champion du Monde, et l'extraordinaire Jean Georges Pujol, le roi de Rachgoun et présentement encore le roi de La Réunion. Nous pêchions, à partir de la côte, n'importe oû entre Les Corales et les Andalouses dans des zones raclées... pour les autres, et il fallait nous voir sortir, tous les trois (nous pêchions individuellement mais en parallèle pour nous surveiller) avec nos bouées et nos ceintures pleines de poissons, avec une légère supériorité pour Marc, bien sûr, puisque l'habitude de la compétition lui faisait tout tirer jusqu'à 500g la pièce, c'est ainsi que j'ai perfectionné ma technique de chasse avec la coulée et l'agachon et le tir tout azimut, l'adaptation à un matériel perfectionné, combinaison, palmes, fusil, flèches tahitiennes, moulinet, (Marc était un inventeur. D'ailleurs actuellement le top de ce matériel est encore de son cru, bien qu'il soit parti s'installer sur le trône de Neptune, déjà, l'an passé! Il n'avait que deux ans de plus moi. Par la pensée, je lui ai demandé de faire une bise à mon père et Yvon et Raoul et Alfred et de leur dire au revoir....
Que de parties de belotte en perspective devant un parterre des âmes des vestales et des epiphinelus que nous avons occis.
Comme il n'y avait pas d'esprit de compétition entre nous, je me régalais de voir les évolutions de l'un et de l'autre. Jean Georges était un athlète et un fabuleux descendeur, il était capable, déjà, à cette époque de dépasser les 35 mètres. Quant à moi j'avais la "vista" et l'oreille, car le sourd entend mieux sous l'eau que l'entendant
Nous avions aussi les perm, JMarc n'avait plus de famille et m'accompagnait à Oran oû nous retrouvions les rescapés du 5 Juillet: les Ruis, les Avérous et une meute de filles, qui sentant la fin de l'Algérie, étaient en chasse du mari.
Cabollo flaira une opportunité d'affaire et, avec Jean Marc, pas moins bandit, et Pierre, ils créèrent un Club "Le Mao Parata", dans la villa de la grand mère de Petit Paul à Miramar et avec la deuche de ma grand-mère, ils allaient ratisser au Majestic (Cabollo devrait prendre le clavier pour écrire les bonnes histoires du Mao Parata, j'aimerais!)
Cela continua encore, lorsque je fus muté à Ain El Türck oû je disposais de la "Villa Henry" de ma grand mère, des soirées extraordinaires, oû le tout-oran venait ainsi que des Hauts Gradés du Génie et de la Légion, qui m'autorisaient ces organisations, les bains de minuit à poil et complètement saouls. C'est ainsi que les Vaillants Chasseurs Sous-Marins, Pierre Ruis, Pierre Avérous, Luc Santiago, Paul Ruis et moi se firent alpaguer au grappin.
Ce qui fit qu'à ma libération je me trouvais forcé de me fiancer pour avoir fait des bêtises! Mon destin sembla basculer, mais pas pour longtemps.

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