A 65 ans, n'étant pas spécialement un intellectuel, plein de trous de mémoire,
j'essaie de rassembler mes souvenirs de cette épopée d'un demi siècle de chasses, de plongées sous les eaux et d'une certaine forme de vie commune aux frères de la côte
que Luc Besson, lui-même plongeur de père en fils, a su si bien sublimer dans son film sur la philosophie de l'homme poisson Jacques Mayol
Lorsqu'en 1990 à la cinémathèque d'Oran, nous étions allé voir le film du Grand Bleu avec mes jeunes amis et élèves algériens de la ligue d'activités sous-marines d'Oranie, nous en étions sortis profondément émus par l'enfance de Jacques Mayol et Enzo Mallorca dans un petit village de la côte grecque, Djelloul et Lambri ne cessant de dire que c'était leur jeunesse (relativement récente) à "Cueva del agua" et moi, dans une autre vie, à Ainfranin
A un tel point que 1 an plus tard parce que je ne cessais de passer et repasser ce film sur cassette vidéo à la maison, ma fille Liliane, pour ses deux ans, prononça ses deux premiers mots: Maman et Daddi,
je suis persuadé qu'en voyant le gamin Jacques s'effondrer en pleurant et criant :"Daddi, Daddi!", lorsque son père se noya, ma fille en ressentit une profonde émotion, elle avait compris la scène tragique et avait retenu le terme en m'associant au père de Jacques,
depuis lors ma fille, elle a 13.5 ans maintenant, m'appelle toujours Daddi

 Les Fernandez

Les Laffargue

Le Lion des Mers

!!!mero danse!!!

Le Grand Bleu de mon père et de ses copains. 1945/1956

A Ain franin, la pêche sous-marine fut une affaire de famille, dès 1939 pionnière de l'époque des Toulonnais et Marseillais Cousteau, Taillez, Cavallero et autre Beuchat
et notre famille c'était ceux de la Mine: les Laffargue, Mugnier, Estève, Freynet, Billault, Vicedo et nous,
la première équipe vedette des Vaillants Chasseurs Sous-Marins fut la paire Yves Laffargue/André Fernandez, qui rivalisait de célébrité avec les Poirot, Luglia, Ruis, Avérous, Storto d'Oran, de Kristel ou de "Mon Rêve", mais ce qui était le plus fameux challenge pour nous gamins de la deuxième génération, c'était le Grand Pari hebdomadaire entre Yvon et Landru: celui qui rapportait le plus gros méro de la semaine se faisait, lui et toute sa famille, inviter automatiquement par la famille du "vaincu" le dimanche pour un festin gargantuesque de paella et de méro, et les familles étaient telles que l'on se retrouvait à chaque fois facilement une vingtaine à table
Qu'est-ce qu'elle râlait, Rosalie, la gouvernante de corvée des Laffargue!
La préparation du festin mettait tout le monde à contribution toute la matinée, ce qui n'était pas toujours agréable pour nous, adolescents!
tandis que nos pères se saoulaient à coup d'anisettes et d'histoires grivoises qui faisaient pouffer nos mamans faussement pudiques.
Souvent leurs rivaux de l'extérieur étaient conviés à ces festins
et c'étaient quand même la fête pour nous l'après-midi avec les enfants des rivaux, lorsque nous allions harceler les amoureux du dimanche tapis dans les fourrés,
pendant que les adultes cuvaient leur vin dans une sieste mémorable sous les pins
"Si tu bois du vin Laffargue, la bouffa tu te cargues"
et pendant que leurs femmes étaient de corvées de vaisselle et de papoteries féminines